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Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/43

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XXXVII
PRÉFACE

des mers. Le volume des eaux marines ne s’accroît pas ; pourquoi ?


Tout d’abord le soleil boit l’onde ; nous voyons
Les tissus d’eau trempés séchés par ses rayons ;
Sa puissante chaleur au même instant visite
Les surfaces de mers sans nombre et sans limite.
Si peu qu’il en aspire en chaque région,
Sur un si vaste champ, l’évaporation
Totale se mesure à l’ampleur du volume.
Joins-y ce que le vent peut emporter d’écume
En balayant les flots. Dans une nuit souvent
Les chemins inondés sont séchés par le vent
Et la fange liquide en écorce figée.
Songe aussi que les eaux dont la nue est chargée,
Qu’elle disperse en pluie au gré des aquilons,
Elle les prend aux mers pour les rendre aux sillons.
Combien n’en faut-il pas pour arroser le monde !
Enfin, le sol poreux en lacunes abonde ;
Par le fond et les bords la terre étreint les mers ;
En épanchant ses eaux dans les gouffres amers,
Elle reçoit les leurs, les filtre, et, toutes neuves,
Les ramène en arrière à la source des fleuves,
D’où leur flot pur reprend les chemins qu’à leur cours
Leurs pieds, cristal fluide, ont creusés pour toujours.
 

Sur la forme de la terre. Lucrèce n’est pas explicite ; il emploie souvent le mot orbis, mais bien qu’il admette que le soleil puisse circuler sous elle, il n’imagine pas qu’elle soit sphérique. Aussi se refuse-t-il, en beaux vers, (I, 1051-1066), à reconnaître la possibilité des antipodes ; et il y est fondé, puisque les attractions mutuelles engendrées par la pesanteur sont lettre close pour l’astronomie de son temps. Il pénètre presque toujours les vérités générales, il ne