Nier l’Église et son infaillibilité, c’est, comme je vous l’ai démontré, nier Jésus-Christ et Dieu lui-même. Vous ne prétendez pas, quoiqu’en cela vous ne soyez point logique, aller aussi loin. Or, l’Église, dans ses dernières assises solennelles, tenues au Concile du Vatican, a proclamé que l’Évêque de Rome, le Pape, successeur de Saint-Pierre, est infaillible quand, s’adressant aux fidèles et aux pasteurs, il décrète quelque chose concernant la foi et les mœurs. Elle affirme, de plus, que cette vérité est contenue dans le dépôt de la révélation et qu’il faut y adhérer de cœur et d’esprit pour continuer de vivre dans son sein, et par suite, mériter d’arriver à la béatitude éternelle. Donc, l’infaillibilité personnelle du Pontife romain est dogme de foi, étant une vérité révélée de Dieu et proclamée comme telle par l’Église ; donc, il faut nécessairement y croire.
Cela dérange un peu, beaucoup même votre théologie Dessaullienne et aussi certains vôtres petits calculs. C’est malheureux que Dieu n’ait pas compté avec vos mécomptes ; mais, encore une fois, vous lui intenterez une action en dommage. Pour vous tirer d’affaire, vous prétendez que le dogme de l’infaillibilité pontificale n’est contenue ni dans l’Écriture, ni dans la tradition, et que, par conséquent, l’Église a erré en le proclamant.
Mais c’est l’Église, et non vous, M. Dessaulles, que Jésus-Christ a chargé de garder intact le dépôt de la foi et d’enseigner tous les hommes ; c’est l’Église, et non vous, qui, d’après les garanties divines les plus expresses, ne peut pas être sujette à l’erreur ; donc, puisque l’Église a déclaré que le dogme de l’infaillibilité pontificale est révélé, il l’est certainement, et il faut de toute nécessité qu’il soit consigné dans l’Écriture Sainte ou dans la tradition. C’est aussi ce qui est hors de tout conteste.
En effet, on lit, dans saint Luc, les paroles suivantes que Notre Seigneur Jésus-Christ a adressé à Pierre, et, dans sa personne, à tous ses successeurs ; Simon, Simon, voici que Satan a demandé de te cribler comme on crible le froment ; mais j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point, et, lorsque tu seras converti, confirme tes frères.