Si donc Pierre, c’est-à-dire le Pape, pouvait errer dans la foi, la prière de Jésus-Christ aurait été vaine, et Satan aurait obtenu ce que ce divin Sauveur assure lui avoir été refusé. Jésus-Christ annonce de plus à Pierre qu’il chancellera au moment de sa passion ; mais il lui annonce en même temps que sa conversion sera pleine et entière, et que c’est lui, étant constitué l’infaillible sur la terre, qui aura mission de confirmer les autres dans la foi. Donc, il faut nécessairement admettre que Pierre et ses successeurs légitimes sont infaillibles ; autrement, ils auraient inutilement et même dérisoirement été établis pour confirmer leurs frères dans la foi.
Dans Saint Mathieu, nous lisons ce qui suit : Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mont Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. La conclusion évidente à tirer de ce texte, c’est que si Pierre et ses successeurs pouvaient errer en fait de doctrine, l’Église, qui doit s’appuyer sur leur autorité et adhérer à leurs enseignements, puisqu’ils en sont les pierres fondamentales, errerait elle aussi, ce qui répugne à ce qu’elle est essentiellement, d’après son institution divine.
Enfin, pour abréger, je me contenterai de vous citer ces autres paroles que Notre Seigneur adresse à Saint Pierre et à ses successeurs, et que rapporte l’apôtre Saint Jean : Pais mes agneaux, pais mes brebis. D’après ces paroles, il est clair comme le jour que si l’Église ou quelqu’autre pouvait réformer les décrets pontificaux, ce ne serait plus le Pasteur qui aurait soin des brebis, mais bien les brebis qui prendraient soin du Pasteur.
Vous avouerez, M. Dessaulles, si toutefois il y a dans votre cerveau quelque fissure qui permette au bon sens d’y pénétrer, que l’Église a eu mille fois raison de s’appuyer sur l’Écriture sainte pour promulguer, comme dogme de foi, l’infaillibilité pontificale.
La tradition d’ailleurs, quoique vous en disiez, suffit à elle seule pour bannir tout doute relativement à l’existence de ce dogme, car toujours les Papes ont enseigné la vérité et condamné l’erreur, au nom d’une autorité infaillible et irréformable.