évidemment. Le pouvoir civil a le droit de législater dans la sphère qui lui est propre et de la manière qu’il l’entendra, pourvu cependant qu’il ne blesse en rien le dogme ou la morale. Sitôt que l’un ou l’autre est mis en cause, le Pape a le droit et le devoir d’intervenir.
Je sais bien que cette théorie ne vous va guère, à cause de vos passions politiques ; mais la loi divine ne saurait être modifié par cela seul qu’elle vous déplaît. Ce que vous dites des loi ecclésiastiques, à ce propos, est le sempiternel refrain que vous rebâchez : les Papes et l’Église exercent un pouvoir qu’ils n’ont pas. Ce refrain est une protestation de l’hérésie, et voilà pourquoi vous n’êtes plus catholique, quoique vous prétendiez l’être.
Vous parlez de la sévérité de Nicolas v, relativement à Étienne Porcaro. S’il faut accuser ce Pape, à l’occasion d’un tel mécréant, c’est assurément de trop d’indulgence, et non pas de sévérité. Porcaro était un révolutionnaire de la pire espèce. Voici ce que dit de lui le protestant Gibbon, non suspect de partialité à l’égard des Papes :
« Porcaro se fit des partisans et ourdit une conspiration. Son neveu, audacieux jeune homme, réunit une bande de volontaires, et, à un soir marqué, prépara une fête dans sa maison pour les amis de la république. Le chef des conjurés qui était parvenu à s’échapper de Bologne, se présenta au milieu d’eux en habit de pourpre et d’or. Sa voix, sa contenance, ses gestes, tout révéla l’homme qui avait donné sa vie à la glorieuse cause. Il déroula, dans une harangue soigneusement préparée, les motifs et les ressources de l’entreprise, le nom et les libertés de Rome, la fainéantise et l’orgueil des tyrans ecclésiastiques et surtout du pape Nicolas ; l’assentiment probable et le concours actif des Romains ; trois cents soldats et quatre cents exilés exercés à manier les armes ; le plaisir de la vengeance, et de l’or pour payer la victoire. « Il sera facile demain, fête de l’Épiphanie, ajouta-t-il, de saisir le Pape et les cardinaux devant les portes ou à l’autel de Saint-Pierre, de les conduire enchaînés au château Saint-Ange, de monter au Capitole, de sonner la cloche d’alarme et de rétablir la république romaine. » Mais, au moment où il croyait tou-