Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/114

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petit cabinet qui divise le corridor de la chambre du malade et qui sert de cbambrette au gardien ; le malade doit la traverser pour sortir de chez lui ; les malades dînent chez eux ou au réfectoire, qui est au rez-de-chaussée tout près du billard ; ils ne sortent de leur chambre sous aucun prétexte, ce qui, soit dit entre parenthèses, n’est guère hygiénique ; leur valet de chambre, qu’on appelle ainsi mais qui est en réalité un gardien, les accompagne toujours et ne les perd pas de vue].

Le docteur Meuriot, qui soignait le maître en même temps que les docteurs Blanche et Franklin Grout[1], contrastait un peu avec son célèbre collègue, par son aspect et par sa tenue. Bien portant, de traits réguliers, avec ses favoris blonds encore en 1893 et devenus blancs lorsque je l’ai vu en 1900, avec son chapeau de paille et son gilet blanc, il réalise favorablement le type dont le nom de docteur éveille tout de suite l’image dans le commun des esprits. En 1893, l’asthme ne le tourmentait pas encore. Quant au docteur Grout, il est maigre et osseux, très mielleux, je dirais presque aulique. Son regard est très doux.

Conduits par M. Meuriot, nous quittons le cabinet du Directeur, qui donne sur le grand salon (le cabinet du docteur Grout est tout près de l’entrée, mais il loge hors de l’établissement, rue Alboni). M. Meuriot ouvre devant nous une porte vitrée et nous voici sur le perron d’un magnifique escalier

  1. Celui-ci vient d’épouser la nièce de Cuvillier-Fleury, de l’Académie Française.