Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/168

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« Enfin, Boule-de-Snif parut. C’était une nouvelle de cinquante pages qui composait, avec d’autres morceaux de Zola, de Céard, d’Hennique, d’Alexis, le volume intitulé Les Soirées de Médan. On ne vit qu’elle. Elle éclipsa ses voisines. Les critiques, si durs à ce moment pour Zola, la portèrent aux nues. Ce fut comme l’illumination d’un rayon de gloire. Un nouveau soleil se levait. Flaubert enthousiasmé écrivait à Madame de Maupassant :

« — Le petit est lancé. Il ira plus loin que nous !

« À quelle source le jeune romancier avait-il puisé le sujet de son récit ? Il en avait connu l’héroïne. Vous savez que Maupassant fréquentait d’assez mauvais lieux ; il ne haïssait pas la société des femmes légères ; sa jeunesse était fort dissipée, comme devait l’être son âge mûr. Au cours de ses bordées dans les vieilles rues de Rouen[1], il avait rencontré la pauvre fille qu’il allait bientôt rendre immortelle. Elle disparut quelques années plus tard. Et Madame de Maupassant m’a raconté sa fin lamentable.

« — L’infortunée est morte dernièrement, sans ressources. J’ai été informée trop tard de sa situation, sans quoi je lui eusse porté secours...

  1. Ailleurs, M. Brisson a écrit : « Guy marcha contre les Prussiens... Il rencontra en chemin l’héroïne de Boule-de-Suif et Mlle Fifi ». M. Brisson a fait une seule et même personne de Boule-de-Suif et de Rachel qui est l’héroïne de la nouvelle Mlle Fifi. Voir plus loin mes notes à l’article de M. Brisson. [A. L.].