Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/200

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ment. Soudain, il se mit à prononcer des paroles incohérentes, et que sa volonté ne semblait plus gouverner. Mme de Maupassant dissimula, du mieux qu’elle put, l’angoisse mortelle qu’elle éprouvait. Mais Guy s’était arrêté brusquement. Il venait de prendre conscience de son état. Il devint très pâle et remonta dans sa chambre[1]. Quelques heures plus tard, il tentait de s’ouvrir la gorge avec un rasoir. Quelle nuit pour ce fils, qui ne voulait pas survivre au naufrage qu’il devinait prochain de sa raison, et pour cette mère, agitée de pressentiments, et qui attendait, frémissante, le dénouement inévitable ![2].

Mme de Maupassant ne peut retenir ses larmes en évoquant ces scènes tragiques. Et maintenant elle s’épanche, et je sens qu’elle éprouve comme une douceur à parler[3]. Les mots se pressent sur ses lèvres,

    de chambre, François, l’envoya chercher une voiture et partit pour aller prendre le train de Cannes. C’est à Cannes, au chalet de l’Isère, que le drame commençait dans la nuit. Madame de Maupassant était restée chez elle, à Nice, et si, dans cette triste soirée, elle éprouva les premières angoisses, le coup de rasoir qu’elle ignorait, qu’elle n’apprit que le lendemain, y était étranger.

    Sauf ces réserves, M. Balestre, l’ami fidèle des Maupassant, déclare que l’article de M. Brisson est exact, qu’il a été écrit à la suite d’une conversation de l’auteur avec Madame de Maupassant, et que les erreurs ne s’expliquent que par une distraction, un moment d’inattention. [A. L.].

  1. Ceci est inexact. [A. L.].
  2. Également inexact. [A. L.].
  3. « La mémoire de Guy de Maupassant est l’unique