Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/225

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en bon état. Dès que Maupassant sentit les atteintes du mal qui devait l’emporter, son naturalisme s’altéra. Et l’on connut alors un Maupassant qui n’est plus le même, celui des derniers romans, un Maupassant tendre, triste, accessible aux inquiétudes de la pensée, voire aux préoccupations morales. Mais, quoique ses romans aient par eux-mêmes beaucoup de valeur, c’est par ses contes qu’il restera. Or, leur originalité consiste surtout dans l’exactitude avec laquelle ils imitent la nature. Tel apparaît le trait essentiel de Maupassant. Et même, sa vision des formes est si exacte qu’elle supplée à la faculté d’analyse psychologique. La vie intime se manifeste par des signes extérieurs ; ces signes - les gestes, les jeux de physionomie, les paroles - il excelle à les rendre. Certes, Maupassant n’est point ce qu’on nomme un psychologue. Mais, si nous admettons avec lui que « l’appareil physique contient toute la nature morale », il ne nous reste plus que d’admirer son extraordinaire aptitude à exprimer le dedans par le dehors[1].

  1. Op. cit., p. 18.