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m’arrive, en même temps qu’une lettre, où il m’envoie par la poste son admiration et son attachement. Il me met ainsi dans la nécessité de le croire un Normand, très normand ».

Journal des Goncourt, t. VIII, 1889-1891.

Mercredi 6 mars 1889 : « Maupassant, de retour de son excursion en Afrique, et qui dîne chez la Princesse [Mathilde Napoléon], déclare qu’il est en parfait état de santé. En effet, il est animé, vivant, loquace, et sous l’amaigrissement de la figure et le reflet basané du voyage, moins commun d’aspect qu’à l’ordinaire ».

Samedi 15 juin 1889 : « Octave Mirbeau, de retour de Menton, dîne à côté de moi [au Dîner de la Banlieue]. Un causeur verveux, spirituel, doublé d’un potinier amusant. Il parle curieusement de la peur de la mort qui hante Maupassant, et qui est la cause de cette vie de locomotion perpétuelle sur terre et sur mer, pour échapper à cette idée fixe. Et Mirbeau raconte que, dans une des descentes de Maupassant à terre, à la Spezia, si je me rappelle bien, il apprend qu’il y a un cas de scarlatine, abandonne le déjeuner commandé à l’hôtel, et remonte dans son bateau. Il raconte encore qu’un homme de lettres, blessé par un mot écrit par Maupassant, et devant dîner avec lui, avait pendant les jours précédant ce dîner, mis le nez dans de forts bouquins de médecine, et au dîner lui avait servi tous les cas de mort amenés par les maladies des yeux : ce qui avait fait tomber littéralement le nez de Maupassant dans son assiette ».