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Jeudi 24 janvier : « Un petit-bleu d’un journal, où l’on me reproche très sérieusement, comme manque de toute sensibilité, d’être encore vivant à l’heure présente, et au moins, si je vis, de n’être pas devenu fou, à l’instar de Maupassant ».

Mercredi 3 février : « Ce soir, chez la Princesse [Mathilde] mauvaises nouvelles de Maupassant. Toujours la croyance d’être salé. - Abattement ou irritation. - Se croit en butte à des persécutions des médecins, qui l’attendent dans le corridor, pour lui seringuer de la morphine, dont les gouttelettes lui font des trous dans le cerveau. — Obstination chez lui de l’idée qu’on le vole, que son domestique lui a soustrait six mille francs : six mille francs qui, au bout de quelques jours, se changent en soixante mille francs ».

Mercredi 17 août : « Dans le chemin de fer pour Saint-Gratien au moment où les journaux annoncent un mieux dans l’état de Maupassant, Yriarte me fait part d’une causerie qu’il vient d’avoir, ces temps-ci, avec le docteur Blanche.

« Maupassant colloquerait, toute la journée, avec des personnages imaginaires, et uniquement des banquiers, des courtiers de bourse, des hommes d’argent. Le Dr Blanche ajoutait : "Il ne me reconnaît plus, il m’appelle docteur, mais pour lui, je suis le docteur n’importe qui, je ne suis plus le Dr Blanche". Et il faisait un triste portrait de sa tête, disant qu’à l’heure présente, il a la physionomie d’un vrai fou, avec le regard hagard et la bouche sans ressort ».

Lundi 30 janvier 1893 : « Le Dr Blanche, qui fait, ce soir, une visite rue de Berri [chez la princesse Ma-