Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/256

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« Messieurs,

« Celui qui sort de Rouen par la barrière du Havre et suit, le long des prairies de Bapaume, bordées de petits saules, l’ancienne route de Croisset, au pied de la côte où se dresse l’église de Canteleu, laisse derrière lui votre noble ville, métropole de l’art gothique, et la masse de ses toits d’ardoise qu’illuminent ou que voilent le soleil et les nuées ; masse énorme et vivante d’où s’élancent, parmi la foule des clochers et des tours, Saint-Ouen, reine de l’art rayonnant, avec sa couronne de fleurs de lys, Saint-Maclou aux belles portes, et votre Cathédrale géante, dont la flèche est l’une des plus hautes du monde. Au fond, dominant tout, le Cimetière monumental.

« Sur la rive gauche, Saint-Sever, les mille cheminées des usines, la Foudre et Malétra s’empanachent de fumées noires. Au-dessus s’élève, presque en face, la pieuse colline de Bonsecour, où les morts aimés sont plus proches du ciel.

« Et au fond de la large vallée qui s’élargit toujours, la Seine, à travers la magnificence des vergers et des herbages, descendant majestueusement en d’immenses méandres, charrie vers son vaste estuaire et déverse dans la mer, et de là sur le monde, la richesse de la France.

« Voici Croisset. Là vécut, travailla et mourut le plus grand écrivain qui soit né dans votre ville depuis le grand Corneille. Séparée de la Seine par la route, la maison de Gustave Flaubert, ancienne habitation de campagne des moines de Saint-Ouen, s’adossait, blanche et basse, à un beau jardin qui grimpait