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Discours de M. Henry Fouquier.

Délégué de la Société des Gens de lettres, M. Henry Fouquier rappelle que cette Association a eu Maupassant pour compagnon pendant dix ans, de 1884 à l’heure de sa mort.

Et nous entendons alors l’orateur tracer ce joli portrait littéraire de l’auteur de Notre cœur :

« Maupassant était Normand et bon Normand ! De la forte race que vous êtes il avait l’effigie et la marque franchement accusées. Il montrait cette vigueur du corps, cet air de santé joyeuse et saine qui vous sont ordinaires et qui ne furent hélas ! chez lui, que d’apparence et de façade trompeuses. Et il aimait cette terre où il était né. Oh ! j’entends bien qu’il y eut peut-être quelques petits malentendus, et que ce fils passionné ne fut pas toujours un fils entièrement respectueux. Comme Flaubert, dont il fut le compatriote, l’ami et le libre disciple, il railla quelquefois ceux de la terre natale, trayant d’un crayon satirique le portrait des premiers modèles humains qu’il avait eus sous les yeux. Jeu d’enfant qui mord le sein de sa mère-nourrice qui, pour cela, ne cesse pas de lui sourire ! L’aventure est ordinaire et commune. L’homme de lettres, l’artiste, aujourd’hui encore, connaissent souvent quelque résistance à leur vocation dans le milieu où ils sont nés. Il est, certes, trop absolu de dire que nul n’est prophète en son pays : le soin pieux que vous montrez aujourd’hui à consacrer la gloire d’un fils de Normandie dément assez l’adage ancien. Mais il arrive souvent qu’on n’est prophète en sa ville qu’en revenant de la