« Pinchon, qui ça Pinchon ? Un littérateur connu par sa seule conscience et sa seule discrétion : mauvais moyens de gloire à l’époque présente. Pour bien se faire entendre, l’Officiel aurait dû ajouter Pinchon dit la Toque, et d’un bout à l’autre du monde littéraire, on aurait immédiatement su de qui il était question.
« Oui, la Toque.
« La Toque, n’était-ce pas le sobriquet porté par Robert Pinchon dans les parties de canotage qu’il faisait jadis en compagnie de son ami Guy de Maupassant ? La Toque, ce sobriquet, Guy de Maupassant ne l’a-t-il pas rendu célèbre par cette nouvelle de Mouche qui, lors de sa publication dans Paris cependant guère facile à l’enthousiasme, souleva une vaste clameur d’admiration ? Les plus sceptiques et les plus blasés sur les succès de l’art ou de la littérature, s’arrêtaient ce jour-là et se demandaient entre eux, sur le boulevard : "Avez-vous vu la Mouche ?"
« Elle est restée à jamais célèbre l’équipe de ce canot de réalité et de fantaisie. Personne n’a oublié Petit Bleu, N’a qu’un œil et la Toque. Il serait aisé de dire aujourd’hui quel officier ministériel porta le nom de « Petit Bleu », et quelle haute fonction dans l’état-major d’une compagnie de chemins de fer occupe actuellement "N’a qu’un œil", un œil qui est devenu l’œil du maître. Mais à quoi bon donner au bourgeoisisme de ce temps le régal d’une indiscrétion où de braves compagnons dont je fus l’hôte trouveraient peut-être du discrédit ?
« Si donc il est permis de révéler que sur ce bateau si comiquement armé pour les mers, Robert
