Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/77

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Taine, ainsi que la seule lettre de Guy que Madame Taine ait trouvé parmi les papiers du célèbre historien, papiers qu’elle conserve et classe pieusement dans la calme retraite de Menthon-Saint-Bernard,

    en Amérique aussi bien qu’en France et dans la Grande-Bretagne ? Seuls, les Suisses en ignorent à peu près l’existence. Cela n’a rien d’étonnant. C’est chez eux.

    « Mon intention, pourtant, n’est point de vous parler d’hydrothérapie à cette place ; nous laisserons les douches de toutes les formes, les draps mouillés, les appareils d’électricité, les piscines et les baignoires sans nous en occuper plus que des maladies dont tout cela est l’antidote, des neurasthénies et des névroses à la mode.

    « Aussi bien, sur cette terrasse merveilleuse, personne ne suppose qu’il y ait des souffrances et des angoisses, parmi cette foule de promeneurs élégants et paisibles. Il y en a pourtant ; telle frêle jeune femme, étendue sur sa chaise longue, pâle dans les tulles et les mousselines d’un peignoir mauve, est venue demander à la rivière, fille des glaciers, le réconfort et la vaillance ; plus d’un, parmi ces hommes, jeunes ou vieux, qui font craquer sous leur bottine vernie le sable des allées, plus d’un s’est, dans la journée, doucement soumis aux ordres de la Faculté, a passé de longs moments dans le maillot réparateur, a courbé son échine devant la lance de laiton ou sous la grille du doucheur.

    « Mais l’heure du traitement est passée ; on se repose ; et par une belle nuit d’été, nulle part le repos ne peut être meilleur que sur les admirables terrasses de Beau-Séjour.

    « Plongeons-nous donc dans les délices du far-niente. Avouerons-nous qu’elles sont nécessaires après le mer-