grand et malheureux écrivain. Je ne possède qu’une lettre de lui, qu’il m’écrivait en 1881 lorsque je lui envoyais mon premier ouvrage ; elle est à Paris, d’où, à ma rentrée, je pourrai vous envoyer le texte ; mais
Où l’homme ne boit plus que la fièvre et la mort ;
Et de l’Éden perdu le mirage tragique
Apparaît évoqué par un miroir magique,
Dans la sérénité de vos prunelles d’or.
« Taine appréciait fort le calme de Champel ; rarement même il montait jusque sur la colline, jaloux de demeurer solitaire, en tête-à-tête avec sa pensée, sous quelque tonnelle de la Roseraie...
« L’orchestre italien s’est tu. Les violons et les basses ont repris le chemin de la ville. Les grandes lampes à incandescence se sont éteintes et on n’entend plus que le bruit sourd de la rivière, là-bas, se brisant contre la digue et s’en allant, écumeuse, joindre le Rhône aux vagues bleues.
« Baigneurs et baigneuses, belle dames et beaux messieurs, tout le monde est rentré dans ses appartements, car la cure a des exigences et il faut y être prêt demain, à la première heure.
« Le visiteur occasionnel à son tour regagne la cité proche en se demandant combien de ses concitoyens connaissent cette station thermale qui a nom Champel- les-Bains, l’une des plus belles, peut-être, l’une des plus confortables de la Suisse, qu’apprécient les médecins des deux mondes, ceux de New-York comme ceux de Paris ou de Londres, et dont le nom, pourtant, paraîtra peut- être pour la première fois sous les yeux de plus d’un des lecteurs de la Patrie Suisse.