Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/89

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rade, son compatriote, gongorise, non sans grâce ; Scudéry, du Havre, parle comme un capitan de comédie castillane : Brébeuf, un Normand encore, égale quelquefois, dans sa traduction de la Pharsale, trop oubliée, la poésie hispano-romaine de ce Lucain que Corneille avait tort de préférer à Virgile, mais dont la mâle éloquence et les vers-formules devaient tout naturellement plaire à son tempérament de poète dramatique. Il l’imitera dans Pompée, comme il a, dans Médée, imité Sénèque, un autre Latin de Cordoue, - Guilhem de Castro dans le Cid, Alarcon dans le Menteur, Lope de Vega dans Don Sanche. - Et savez-vous quels sont, dans le passé, les sonnets qui, par la fermeté de la langue, la profondeur ou la superbe de l’inspiration, font le mieux songer aux sonnets de Heredia ? Ce sont moins ceux de Ronsard à Hélène que ceux de Corneille à la Reine régente, sur la mort de Louis XIII, ou celui de la sublime épitaphe d’Élisabeth Ranquet. On peut appliquer à Heredia ce qu’il va nous dire de Maupassant lui-même : « Il est de la grande liguée normande, de la race de Malherbe, de Corneille et de Flaubert. Comme eux, il a le goût sobre et classique, la belle ordon- nance architecturale, et, sous cette apparence régu- lière et pratique, une âme audacieuse et tourmentée, aventureuse et inquiète ».

« Toutes ces épithètes, cependant, ne conviendraient point au poète des Trophées, dont l’âme a plus de sérénité, sinon plus d’optimisme. Le pessimisme de Maupassant, les autres orateurs nous l’ont aussi montré, chacun sous un jour un peu différent, celui peut-être qu’y projetait sa propre nature : Henry Fou-