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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/90

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quier, âme élégante et lumineuse d’ionien, l’atténuait plutôt. Pol Neveux, qui semble lui-même un pessimiste, en des pages magistrales dont la lecture nous a laissé à tous une impression profonde, l’aurait plutôt poussé au noir. Ici, l’orateur semblait encore sous le coup des terribles lettres intimes dont il nous citait quelques passages et qui ont été écrites dans les dernières années de la vie de Maupassant, dans les derniers mois peut-être.

« C’est alors que moi-même je l’ai rencontré. Oh ! l’inoubliable et lugubre rencontre !

« En août 1892[1], j’étais à Champel-les-Bains, près de Genève, pour demander aux eaux glacées de l’Arve et à l’air vivifiant des hauteurs, la guérison d’une fatigue nerveuse, quand un jour on m’annonça la visite de Guy de Maupassant, que le docteur Cazalis, - le poète Jean Lahor, - amenait à l’établissement thermal.

  1. C’est 1891 qu’il faut lire. En août 1892, Maupassant était déjà interné à la Maison Blanche ! Le docteur de Champel était Monsieur Glatz, actuellement directeur à Nice, pendant l’hiver, de l’Établissement hydrothérapique Belvédère. « J’ai, en effet, soigné à Champel pendant huit années Monsieur Taine qui venait passer chaque été quelques semaines à notre Établissement hydrothérapique. J’ai vu Maupassant pendant deux saisons [une ?] et m’efforçai de mon mieux mais en vain de calmer ses nerfs agités, et de prévenir la terrible maladie qui l’a emporté. Dorchain aussi, Delpit et bien d’autres personnalités de tout genre ont passé à Champel que j’ai créé il y a aujourd’hui vingt-sept ans» (Lettre de Nice, 8 novembre 1903). [A. L.]