Page:Lumet - La Vie d’un, 1897.djvu/76

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Mal vêtues, elles circulent, muettes à travers l’inflexible désir qui hoquette dans la chaleur suffoquante, avec l’attirance de leurs croupes onduleuses, comme investies d’un pouvoir mystérieux.

Une femme vieille, aveugle, qu’une enfant dirige par la main, s’avance près des premières tables. Elle chante, et elle offre aux personnes sensibles la bonne aventure. Des bribes de sons parviennent jusqu’à eux, mais ils ne distinguent pas les paroles. La bouche de la vieille s’ouvre à peine, et sourit d’un grave et puéril sourire. Que chante-t-elle ? L’amour des mères ! la tendresse de l’enfant ! Ou quelque romance d’inespoir, l’amante pleurant le cruel absent ! La mélodie, tantôt rauque, précipitée, tantôt monotone ainsi