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INTRODUCTION

sur ce point il n’y aurait aucun parallèle possible. Excepté la Fontaine des Innocents, élevée par Jean Goujon, aujourd’hui animée et complétée par un volume d’eau suffisant, et quelques autres fontaines modernes abondamment pourvues, parmi lesquelles il faut citer, comme l’une des plus capitales, celle du boulevard Bondy, la plupart des autres ne sont que de petits édifices d’architecture encastrés dans les maisons particulières et alimentés par un mince filet d’eau.

Par mes études et mes voyages j’ai acquis la conviction que, de tous les monuments employés à répandre l’eau dans les grandes villes, les fontaines jaillissantes et à vasques sont encore celles dont l’aspect est le plus agréable, qui annoncent mieux l’objet de leur destination, et peuvent être amenées à peu de frais et sans une trop grande déperdition du fluide, à produire beaucoup d’effet.

L’eau étant loin d’être abondante à Paris, et mes projets ayant été conçus à l’époque où le corps municipal s’occupait du soin d’enrichir cette ville d’un nombre de nouvelles fontaines, j’ai dû considérer l’économie de l’eau comme donnée première de mes programmes ; et bien que plusieurs de mes compositions puissent paraître d’une très grande magnificence par leur propre aspect et les ornements qui les enrichissent, elles dépassent rarement cependant les bornes que j’ai dû me prescrire. En leur donnant une certaine richesse d’ornement, j’ai eu en vue aussi de leur conserver un effet indépendant du volume d’eau qui les doit animer, afin que, dans les saisons où la plupart de nos fontaines sont à sec, elles ne cessent pas d’être pour la capitale des monuments utiles et contribuent à son embellissement.

On remarquera peut-être que je me suis abstenu presque toujours de l’emploi des ordres d’architecture ; la raison en