Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/23

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C’est aussi ce que M. Alexandre Chodzko dit des contes slaves : —

— « Les héros sont presque toujours autant de cadets de famille, pauvres d’esprit, sots, suivant le monde, foncièrement bons, doux, humbles, et qui, à force de longanimité, de patience et de persévérance à pratiquer la vertu, après maintes épreuves, parviennent au but de leurs efforts. Ils sont très sympathiques envers les animaux, et s’approchent ainsi du modèle dont il y a plusieurs exemples dans les livres sacrés de l’Inde. On n’a qu’à ouvrir une légende du Mahabharata où, pour épargner la vie d’un pigeon, et en même temps pour satisfaire la faim d’un faucon qui le poursuivait, le vertueux prince se fit couper, dans sa propre chair, l’équivalent du poids du pigeon. Au dénoûment de la légende, on voit que le pigeon n’était autre chose que le dieu Agni, et le faucon, le dieu Indra, qui, ayant ainsi éprouvé la vertu du roi, le portent, corps et âme, au séjour des bienheureux. Ailleurs, le même prince ne veut habiter le Paradis qu’à la condition qu’on lui permettra de se faire accompagner de tous ses amis, y compris un chien qu’il affectionnait[1]. » —

D’où viennent ces traditions, ces contes ? — Comment sont-ils arrivés en Bretagne et parvenus jusqu’à nous ? — Tout cela vient évidemment de l’Orient, — m’écrivait il y a quelque temps M. Ed. Laboulaye qui, depuis près de vingt ans, s’efforce de recueillir des contes populaires de tous les peuples. — Oui, ces contes viennent, sinon tous, du moins pour la plupart,

  1. — Alexandre Chodzko. — Contes des paysans et des pâtres slaves — page 403.