Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/31

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— Eh ! bien, voyageons de compagnie, si vous le voulez bien ?

— Je ne demande pas mieux. Quel métier exercez-vous ?

— Moi, je suis danseur, et mon nom est Fistilou.

— À merveille, car moi, je suis musicien, et je me nomme Allanic.

— Mais de quel instrument jouez-vous donc ? car je ne vous en vois aucun.

— Oh ! mon instrument à moi ne coûte pas cher, et j’en trouverai à discrétion ; tenez, voilà un champ qui en est tout plein. Autant de pailles, deux ou trois fois autant d’instruments.

— Comment cela ? vous plaisantez sans doute ?

-— Je ne plaisante pas, et je vais vous le prouver à l’instant.

Et sautant par-dessus la clôture dans un champ de seigle qui était tout auprès, Allanic y coupa avec son couteau une tige de seigle, et, en un instant, il en eut fabriqué un chalumeau, semblable à ceux qu’on voit aux petits pâtres, au printemps ; et il se mit à en jouer avec une adresse et une dextérité peu communes. Fistilou, en l’entendant, se mit à danser, à gambader et à jeter son chapeau en l’air, en criant : iou ! iou ! hou ! hou ! comme les Cornouaillais. Et les voilà les meilleurs amis du monde, et de poursuivre leur chemin, en causant, en riant et rêvant d’abondantes recettes. Vers le soir, ils arrivèrent dans une ville dont je n’ai pas retenu le nom. Ils se trouvèrent bientôt sur une place, entourée de maisons de tous les côtés, et où il y avait beaucoup de promeneurs. Alla-