Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/33

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Allanic coupa un chalumeau dans le premier champ de seigle qu’ils rencontrèrent et ils continuèrent leur chemin, mais moins joyeuse que la veille, car déjà ils n’avaient plus le sou.

Ils se trouvèrent bientôt devant un château ceint de hautes murailles.

— Il faut essayer encore ici l’effet de notre musique et de notre danse, se dirent-ils.

Mais ils étaient bien embarrassés de savoir comment entrer. Ils voyaient bien une porte, avec un marteau ; mais ce marteau était si haut placé, qu’ils n’y pouvaient atteindre.

— Mets-toi contre la porte, dit Fistilou à Allanic, je monterai sur tes épaules et de la sorte j’atteindrai le marteau.

Ils firent ainsi. La porte s’ouvrit aussitôt et ils entrèrent dans un jardin où ils virent deux belles demoiselles qui se promenaient. C’étaient les filles du géant Goulaffre, qui demeurait dans ce château. Allanic se mit à jouer de son chalumeau de paille, Fistilou à danser et à gambader, et les deux demoiselles accoururent pour les regarder. Elles ne sortaient jamais de leur jardin ; aussi n’avaient-elles jamais vu rien de semblable, et elles s’amusaient fort de la musique de l’un et des gambades et des cris de l’autre. Leur mère, une géante de dix pieds de haut, arriva aussi, et elles la prièrent instamment de garder ces deux hommes dans le château, pour les amuser, puisqu’elles ne sortaient jamais.

— Mais votre père, mes enfants, vous n’y songez donc point ?