Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/39

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retourner à son château sans botte, et quand il y arriva, il avait les pieds tout en sang.

Cependant Allanic et Fistilou étaient arrivés à Paris. Ils allèrent frapper au palais du roi, pour demander du travail, et ils furent pris comme garçons d’écurie.

Le fils du roi aimait passionnément la chasse ; mais il paraît que c’était chez lui passion assez malheureuse et que sa carnassière était souvent vide au retour, si bien que Fistilou dit un jour devant ses camarades :

Mon ami Allanic prendrait, en un seul jour, autant de gibier que le jeune prince dans toute une année.

Le propos fut rapporté au prince. Celui-ci fit appeler Allanic et l’emmena avec lui à la chasse dès le lendemain. Allanic n’oublia pas d’emporter ses bottes de sept lieues dans sa carnassière, car comme c’étaient des bottes fées, elles augmentaient ou diminuaient de volume à volonté. On lui donna un bon fusil, le premier qu’il eût jamais tenu entre ses mains, et le prince et lui se rendirent dans un grand bois où le gibier de toute nature abondait. Sous prétexte de faire les honneurs de la journée à son compagnon, Allanic le laissait tirer toutes les pièces, lièvres, chevreuils, renards, et, comme il était d’une maladresse rare, il manquait tout.

Vers midi, ils s’assirent sur la mousse, au pied d’un chêne, pour manger un morceau de pâté et boire un verre de vin. Allanic dit alors au prince :

— Reposez-vous un peu, mon prince, pendant que je vais pousser une petite pointe dans cette direction ; dans une heure, au plus, je reviendrai vous rejoindre.