Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/40

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— Allez, lui dit le prince, et soyez plus heureux que moi.

À quelques pas de là, Allanic mit ses bottes de sept lieues, et, en moins d’une heure il eut pris tant de gibier de toute sorte, qu’il lui fallut demander une charrette dans une ferme voisine, pour les porter au palais.

— Et comment avez-vous pu, en si peu de temps, faire un tel massacre ? lui dit le prince, en le voyant revenir avec sa charrette pleine.

— C’est la chance, mon prince, et un peu d’adresse aussi ; mais vous le savez bien, il y a des jours où l’on se croirait vraiment ensorcelé tant on est malheureux, et vous êtes, paraît-il, dans un de ces jours-là.

Le prince parut se contenter de cette explication, et l’on rentra au palais, où l’on fut bien étonné de voir arriver une telle quantité de gibier.

À partir de ce jour, Allanic fut bienvenu du roi et surtout du prince, qu’il accompagnait presque tous les jours à la chasse. Fistilou, jaloux de cette faveur, entreprit de susciter de nouveaux embarras à son ancien ami. Il raconta aux valets d’écurie et autres leur visite au château du géant Goulaffre et la manière dont ils étaient parvenus à en sortir sans mal ; il parla aussi des bottes de sept lieues du géant, avec lesquelles Allanic faisait des chasses si merveilleuses. Ces bruits arrivèrent vite aux oreilles du roi, qui fit appeler Allanic et lui parla ainsi : —

— On dit que vous avez été au château du géant Goulaffre, et que vous en êtes revenu sans mal ?

— Rien n’est plus vrai, sire.