Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/46

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il l’y enferma à sa place. Alors, il courut à la chambre du géant, enleva sa cage d’or et partit.

Goulaffre arriva aussitôt avec un arbre déraciné, et il se mit à battre le sac.

— Arrête, malheureux, je suis ta femme ! criait la géante dans le sac.

Mais Goulaffre ne l’écoutait pas et il frappait comme un sourd. Au bout d’une demi-heure, quand il n’entendit plus crier il ouvrit le sac.

— Ma femme ! s’écria-t-il, en reconnaissant ses vêtements.

Et le voilà de s’arracher les cheveux et de hurler comme une bête sauvage.

Cependant Allanic était arrivé à Paris, avec la cage d’or. Le vieux roi, qui était tout triste et sombre auparavant, redevint gai et joyeux en revoyant sa cage, et il passait des journées entières à contempler cette merveille.

Mais, au bout de quelques mois, sa gaîté s’évanouit encore, peu à peu.

— Que va-t-il me demander à présent ? se disait Allanic inquiet.

Enfin le roi lui dit un jour :

— Je ne vivrai heureux que lorsque vous m’aurez amené ici, dans mon palais, le géant Goulaffre lui-même.

— Ah ! sire, pouvez-vous exiger l’impossible, et après tout ce que j’ai fait pour vous, ne me laisserez-vous pas un moment de tranquillité ?

— Je vous le dis, il faut que vous m’ameniez le géant Goulaffre, ou il n’y a que la mort pour vous !