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Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/47

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— Oui, je vois à présent que c’est bien ma mort que vous désirez ; mais au moins, me donnerez-vous tout ce que je vous demanderai, pour tenter cette épreuve impossible ?

— Demandez tout ce que vous voudrez, je ne vous refuserai rien.

— Eh ! bien, faites-moi construire un carrosse d’or massif, tout garni de pointes aiguës à l’intérieur, et dont l’unique portière se fermera d’elle-même sur celui qui entrera dans le carrosse, sans qu’il puisse l’ouvrir, quelle que soit sa force. Il me faudra de plus vingt-quatre chevaux vigoureux, pour les y atteler.

— Vous aurez tout cela, répondit le roi.

On trouva des forgerons et des serruriers habiles, et, en peu de temps, le carrosse fut construit dans les conditions voulues de solidité et de dimensions. On y attela vingt-quatre chevaux magnifiques, Allanic monta sur le siège, habillé en cocher, et il partit.

Quand il arriva dans le bois qui entourait le château, il vit le géant qui s’y promenait. Il pleurait et gémissait et poussait parfois des cris sauvages. Allanic s’avança vers lui, et lui demanda fort respectueusement :

— Quel est, seigneur, le sujet d’une douleur si grande ?

— Ah ! je suis le plus malheureux des géants ! un avorton, nommé Allanic, m’a fait tuer mes deux filles et ma femme ; et de plus il m’a volé mes bottes de sept lieues, ma demi-lune et ma cage d’or. Ah ! si je