Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/52

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la cour, et peut-être mieux. Un jour sa sœur vint le voir, et remarquant comme il avait bonne mine et promettait d’être fort et vigoureux, elle s’en effraya et dit au fermier que s’il voulait le faire mourir, elle lui ferait don de la ferme, une ferme magnifique. Le fermier promit ; mais il n’eut jamais le courage de mettre sa promesse à exécution. Il jura pourtant qu’il l’avait fait.

Le jeune prince, déguisé, à partir de ce jour, en petit pâtre, allait avec les jeunes pâtres de la ferme garder les moutons sur la lande, et il y prenait grand plaisir, chantant et jouant avec eux, et cherchant des nids, au printemps. Il y avait dans le troupeau une brebis noire qu’il aimait pardessus toutes les autres. Un jour, elle eut deux petits agneaux, l’un noir et l’autre tout blanc. La joie de Jean en fut très-grande. Au coucher du soleil, quand le troupeau rentra à la ferme, il prit le petit agneau blanc dans ses bras et l’apporta au bercail. À partir de ce moment, ce fut son plus fidèle compagnon et son meilleur ami. L’agneau le suivait partout, comme un petit chien.

Parvenu à l’âge de dix-huit ans, Jean se lassa cependant de cette vie, et, voulut voyager, pour chercher des aventures. Le fermier l’aimait beaucoup ; cependant comme il craignait que sa sœur, le voyant quelque jour, ne vint à le reconnaître, il le laissa partir. Le voilà donc sur les chemins, allant au hasard, où Dieu le mènera et accompagné de son agneau blanc seulement. Un jour, en traversant une grande forêt, il rencontra un chasseur, suivi de deux chiens. L’agneau blanc s’effraya à la vue des chiens, et Jean le