Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/54

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Vers le coucher du soleil, il rencontra une hutte de sabotier dans le bois.

Il y entra et demanda :

— Ne connaissez-vous pas dans les environs quelque gentilhomme qui ait besoin d’un bon chasseur ?

— Il y a non loin d’ici, au milieu du bois, un château où réside un seigneur qui a constamment douze valets chasseurs, avec lesquels il parcourt tous les jours la forêt ; un de ses chasseurs l’a quitté hier, et si vous êtes habile tireur, je pense qu’il vous prendra à son service.

Jean se rendit aussitôt au château, et le seigneur l’accepta, d’autant plus volontiers que ses deux chiens lui plaisaient beaucoup.

Mais la cuisinière ne vit pas avec plaisir ce surcroît de meute et par conséquent de travail pour elle qui préparait aussi la nourriture des chiens, et elle fit à Jean un accueil peu gracieux.

— Ne vous fâchez pas, cuisinière, lui dit celui-ci, mes chiens ne ressemblent pas aux autres chiens que vous avez ici, et ils vous rendront mille petits services ; voyez plutôt : — Ici, Brise-Fer et Sans-Pareil, et déplumez-moi vite ces perdrix là.

Et, en un clin-d’œil ils eurent déplumé deux douzaines de perdrix, qui se trouvaient sur la table. La cuisinière cessa alors de murmurer, et, à partir de ce moment, Brise-Fer et Sans-Pareil furent ses protégés, et elle leur réservait toujours quelque bon morceau.

Tous les jours Jean, grâce à ses deux chiens, prenait à lui seul autant de gibier que les onze autres chasseurs ensemble. Aussi était-il dans les bonnes grâces de son