Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/75

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cière au sorcier ; elle n’est pas partie seule et malheur à celui qui l’a enlevée !

Cependant Pipi et sa compagne fuyaient, avec la rapidité du vent. La jeune sorcière s’attendait bien à être poursuivie, aussi disait-elle de temps en temps à son libérateur :

— Regarde derrière toi ; ne vois-tu rien venir ?

— Si ! je vois le chemin rempli d’une fumée épaisse qui s’avance sur nous !

— C’est mon père ! Nos chevaux, les mulets avec l’or et l’argent vont être changés en une glace, dont une extrémité touchera la terre, et l’autre ira se perdre dans les nuages, pour arrêter la fumée ; et nous deux nous serons à nous chauffer au soleil de l’autre côté de cette glace. —

Ce qui fut fait sur le champ, comme elle l’avait dit. La fumée, — c’est-à-dire le vieux sorcier, — arrivée à la glace, s’arrêta un moment, ne pouvant aller plus loin, puis elle rétrograda.

— Poursuivons notre route, dit alors la jeune sorcière.

Et les voilà aussitôt rendus tous à leurs formes premières, et de poursuivre leur route, sans perdre de temps.

Quand le vieux sorcier revint au château : — comment, lui dit sa femme, tu ne les ramènes donc pas ?

— J’ai trouvé tout-à-coup une glace immense, dont une extrémité touchait la terre et l’autre se perdait dans les nuages ; elle barrait complètement le passage et je n’ai pas pu aller plus loin.

— Imbécile ! cette glace c’était les chevaux et les