Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/104

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faut que je le mange ! s’écria le Soleil, un instant après.

— Eh bien ! par exemple, si vous croyez que je vais vous laisser manger cet enfant, vous vous trompez joliment ! Voyez quel charmant garçon !

— Qu’es-tu venu faire ici ? demanda le Soleil à Charles.

— On m’a commandé, Monseigneur le Soleil, de venir vous demander pourquoi vous êtes si rouge, le matin, quand vous vous levez.

— Eh bien ! je ne te ferai pas de mal, car ta mine me plaît, et je t’apprendrai même ce que tu désires savoir. La Princesse de Tronkolaine demeure là, dans un château voisin du mien, et il me faut, tous les matins, me montrer dans toute ma splendeur, quand je passe au-dessus de sa demeure, pour n’être pas vaincu par elle en beauté.

Le lendemain, le Soleil se leva de bon matin et commença sa tournée, comme d’habitude, et Charles partit aussitôt que lui. Descendu de la montagne, il retrouva son cheval de bois qui l’attendait. Il monta dessus et fut ramené en peu de temps à l’endroit où il avait rencontré le vieillard. Il était encore là qui l’attendait.

— Eh bien ! mon fils, lui dit-il, avez-vous réussi dans votre entreprise ?

— Oui, vraiment, grand-père, répondit Charles, et la bénédiction de Dieu soit sur vous !