Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/137

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— Je vous le dirai, quand je serai de l’autre côté de l’eau.

— Dites-le-moi tout de suite, ou je vais vous jeter dans l’eau.

— C’est le vrai moyen de ne rien savoir ; ainsi, ce que vous avez de mieux à faire, c’est de me conduire de l’autre côté.

Et le passeur le conduisit de l’autre côté de l’eau.

— Dites-le-moi, maintenant que vous êtes passé, lui demanda-t-il encore.

— Je vous le dirai, une autre fois, si je repasse jamais par ici.

— Hélas ! me voilà encore pris ! s’écria le passeur. Ma malédiction sur toi ! Il y a cinq cents ans que je suis passeur ici, et tu pouvais me délivrer en répondant à ma question !...

— Oui, pour prendre ta place et rester là aussi longtemps que toi, plus longtemps peut-être... Merci ! Et il partit.

Il retrouva sa cavale où il l’avait laissée.

— Eh bien ! lui demanda-t-elle, t’en es-tu bien tiré ?

— Très bien.

— Monte sur mon dos, alors, et partons.

Au coucher du Soleil, ils étaient devant le château où ils avaient passé la seconde nuit, en allant. Trégont-à-Baris y fut bien accueilli et il