Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/149

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gardaient les deux fontaines et leur ordonna de ne point faire de mal à Trégont-à-Baris. Celui-ci emplit tranquillement ses deux fioles, une de chaque fontaine, puis il remercia le Roi des lions et retourna à Paris, monté sur sa cavale blanche.

Le voyage avait duré trois ans, et si le Roi était vieux et cassé, à son départ, à présent il l’était bien plus encore, et pourtant il n’en était pas plus sage, et il ne parlait que de se marier, et ne cessait d’importuner la Princesse. Quand il vit revenir Trégont-à-Baris, avec les deux sortes d’eaux, il se mit à chanter et à danser de joie, comme un véritable enfant. Il demanda à être rajeuni sur-le-champ, afin de se marier plus vite.

On le déshabilla, on l’étendit sur le dos, sur une table, puis on versa sur son corps quelques gouttes de l’eau de mort. Il ne dit plus ni bu ni ba ; il mourut instantanément. La Princesse au Château d’Or, dit alors :

— Enlevez vite cette charogne et jetez-la pour pourrir dans les douves du château ! Celui qui a eu toute la peine doit recevoir aussi la récompense. C’est Trégont-à-Baris qui sera mon époux.

On fit comme elle dit : le corps du vieux Roi fut jeté dans les douves du château, et Trégont-à-Baris épousa la Princesse au Château d’Or.

Il y eut des fêtes et des festins magnifiques. Vers la fin du repas, Trégont-à-Baris dit :