Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/155

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jamais s’arrêter, ni le jour ni la nuit, si bien qu’il finit par arriver en Russie. Parvenu dans la ville capitale, il se rend tout droit au palais de l’empereur et demande au portier si l’on n’a pas besoin d’un bon domestique, pour quelque travail que ce soit.

Une des filles de l’empereur, qui était en ce moment à la fenêtre de sa chambre, l’aperçut, admira sa belle tournure et sa bonne mine et lui dit d’entrer. Elle le conduisit à son père, le lui recommanda, et Fleur-d’Épine fut chargé, à la cour de l’empereur de Russie, comme à celle du roi de France, d’accompagner les princesses dans leurs promenades. Elles étaient aussi trois, mais la plus jeune était malade et gardait le lit, depuis le jour de sa première communion. L’aînée, dès qu’elle le vit, envoya sa femme de chambre lui demander son nom.

— Je n’ose, vraiment, vous le dire, répondit-il.

— Pourquoi donc ? Dites hardiment et ne craignez rien.

— Eh bien, je m’appelle le Messager du Diable et le Carillon d’Enfer.

— Jésus ! que dites-vous là ?

— C’est mon nom.

Et la femme de chambre de courir vers sa maîtresse, tout effrayée, et de lui dire :

— Quel nom, ma maîtresse !...