Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/166

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barque, que vous a dit mon maître, et compte-t-il me laisser encore longtemps ici ?

— Je vous le dirai, quand je serai de l’autre côté.

Et, quand Fleur-d’Épine eut sauté à terre :

— Faites-moi connaître, à présent, la réponse du maître, lui dit-il.

— Rien ne vous est plus facile, mon brave homme, que de vous faire délivrer par le premier voyageur à qui vous ferez passer l’eau. Quand vous lui aurez présenté la mèche et qu’il la tiendra dans sa main, ne la reprenez plus, et il sera obligé de prendre votre place sur le bateau.

— Si j’avais su cela, plus tôt, vous seriez ici, à présent, à ma place ; mais, hélas ! je ne vois guère plus d’un voyageur tous les cent ans !

Fleur-d’Épine se rendit ensuite à la hutte de la vieille femme. Celle-ci l’attendait avec impatience et fut heureuse de le revoir, car elle n’était pas sans inquiétude sur son sort.

— Eh bien, mon fils, lui demanda-t-elle, vous avez donc réussi, dans votre périlleux voyage ?

— Mais oui, grand’mère, assez bien, grâce à Dieu et à vous aussi.

Il passa encore la nuit dans la hutte, puis, le lendemain matin, il prit la route de l’Angleterre, avec son cheval et son chien.

En arrivant à Londres, il se rendit tout droit