Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/243

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énorme géant, à barbe et cheveux blancs, grelottant de froid et faisant : brrr ! brrr ! !... iou ! ioa !... J’ai faim, mère, j’ai faim et froid !... brrr !...

— Asseyez-vous là, près du feu, mon fils, lui dit la vieille, et je vais vous préparer à manger.

Mais, le géant aperçut bientôt le meunier, blotti dans un coin, et demanda :

— Qu’est-ce que ce ver de terre, mère ? Je vais l’avaler, en attendant mon souper...

— Restez-là tranquille, sur votre escabeau, mon fils, et gardez-vous bien de faire du mal à cet enfant ; c’est le petit Yves Pharaon, mon neveu et votre cousin.

— J’ai grand’faim, mère, et je veux le manger, reprit le géant, en montrant les dents.

— Tenez-vous tranquille là, vous dis-je, et ne faites pas de mal à cet enfant, ou gare le sac !...

Et elle lui montra du doigt un grand sac suspendu à une poutre. Alors, le géant se tint coi et ne dit plus mot.

Les deux autres fils de la vieille, Février et Mars, arrivèrent aussi, l’un après l’autre, avec un vacarme épouvantable. Les arbres craquaient et tombaient, les pierres volaient en l’air et les loups hurlaient. C’était effrayant ! La vieille avait bien du mal à défendre son protégé contre la voracité des géants, et elle n’y parvenait qu’en les menaçant du sac.