Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/271

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La princesse dépêcha ensuite sa femme de chambre vers le maître du château, pour lui dire qu’elle était toujours indisposée et qu’elle le priait d’attendre jusqu’au lendemain, pour aller à l'église. Elle ajoutait qu’on pouvait néanmoins faire le repas de noces, le jour même, puisque tous les invités étaient arrivés.

Ainsi fit-on. Le repas fut magnifique. Vers la fin, tout le monde était gai et joyeux, et chacun contait quelque petite histoire plaisante. On pria la jeune fiancée de conter aussi quelque chose. Elle se leva, alors, et parla ainsi :

— J’avais un petit coffret, avec une jolie petite clef d’or. Je perdis la clef, et j’en fis faire une autre. Mais, quelque temps après, je retrouvai mon ancienne clef. Me voici embarrassée, et je vous demande de laquelle des deux clefs je dois me servir, à présent, de l’ancienne ou de la nouvelle ?

— Je pense qu’il faut préférer l’ancienne, répondit le maître du château.

— C’est aussi mon avis, reprit la princesse. Je vais vous faire voir l’ancienne clef dont je parle.

Et elle se leva de table, entra dans un cabinet à côté et revint aussitôt, en tenant par la main Fanch, habillé en prince ; et, s’adressant au seigneur et à tous les convive :

— Voici ! je l’avais choisi d’abord, et c’est lui qui sera mon époux, et non un autre !