Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Hélas ! ma mère, j’ai été à la chasse et j’ai rencontré une truie sauvage, et comme je la couchais en joue, elle a pris la parole, comme un homme, et m’a dit qu’il me faudrait l’épouser.

— Hélas ! mon pauvre enfant, si elle l’a dit, il faut que cela soit. Cette truie habite un vieux château, à l’autre extrémité du bois.

A partir de ce jour, la truie venait tous les jours visiter le jeune gentilhomme, et celui-ci en avait tant de chagrin, qu’il était près d’en perdre la raison. Enfin, un jour, obsédé de ses visites et de ses instances, il dit :

— Eh bien ! puisqu’il faut que cela soit, finissons-en, et allons à l’église !

Et ils se rendirent à l’église. Le curé, fort surpris, faisait des difficultés pour unir un chrétien à une truie sauvage.

— Mariez-nous hardiment, dit la truie, car si vous me voyez sous cette forme, c’est ma mère qui en est la cause.

Et le curé les unit.

La truie emmena alors son mari à son château, qui était fort beau. Son père était mort, mais, sa mère vivait encore et habitait le château avec elle.

Le jeune gentilhomme s’habitua à sa femme, et finit par l’aimer telle qu’elle était.

La truie devint enceinte.