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Trois mois après leur mariage, le gentilhomme, en se promenant un jour dans le jardin du château, vit trois belles fleurs, qu’il n’avait pas encore remarquées. Et à mesure que les fleurs croissaient et s’élevaient, les feuilles se flétrissaient et tombaient à terre. Cela lui parut de mauvais augure.

— Est-ce que ma femme serait menacée de mourir ? pensa-t-il avec douleur.

Au bout de neuf mois, sa femme mit au monde trois fils, d’une seule couche, trois enfants superbes ! On les baptisa, puis on leur chercha des nourrices. Ils avaient tous les trois des cheveux d’or, et quand on les peignait, il tombait des pièces d’or de leurs têtes.

La truie avait défendu à leur père de les toucher ; il ne les voyait même que par le trou de la serrure, pendant que leurs nourrices les peignaient.

Six mois après, le père, en se promenant dans le jardin du château, vit encore trois fleurs magnifiques, et à mesure qu’elles croissaient et s’élevaient sur leurs tiges, les feuilles se flétrissaient et tombaient à terre. Et il en conçut encore de l’inquiétude à l’égard de sa femme. Mais, au bout de neuf mois, la truie donna le jour à trois autres fils, plus beaux encore que les trois premiers. On les baptisa aussi ; on leur donna des nourrices, et