Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/340

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mois, elle eut un fils. On chercha parrain et marraine, et on se rendit au bourg, en grande cérémonie, pour baptiser l’enfant. Mais, avant de partir, le père fit ses recommandations à sa femme, qui restait au lit. Il mit sa peau de loup dans un coffret et le ferma avec soin ; puis, il lui en remit la clef en lui défendant de l’ouvrir ou de le laisser ouvrir à personne, avant son retour. Il recommanda encore de veiller à ce qu’il n’arrivât à la peau aucun mal, ni par l’eau, ni par le feu ; car, autrement, elle ne le reverrait plus, avant d’avoir usé trois paires de chaussures d’acier à le chercher !

La jeune mère promit de veiller soigneusement sur le coffret où se trouvait la peau de loup de son mari, et celui-ci partit alors.

Les deux sœurs, cachées dans un cabinet, à côté, avaient tout entendu. Aussitôt que le prince-loup fut sorti de la maison, elles entrèrent dans la chambre de l’accouchée, lui enlevèrent la clef de force, ouvrirent le coffret et jetèrent la peau du loup dans le feu. Le prince, au moment d’entrer dans l’église, sentit l’odeur de sa peau qui brûlait. Il poussa un cri, et revint aussitôt à la maison en courant.

— Ah ! malheureuse ! s’écria-t-il, en entrant dans la chambre de sa femme : tu as laissé tes sœurs brûler ma peau de loup ! Je vais partir, à