Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/347

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la chambre où elle couchait depuis deux nuits avec le seigneur, avertit son maître de ce qui se passait.

— La princesse, lui dit-il, vous verse un soporifique dans votre verre, quand vous êtes à table, et c’est ce qui fait que vous êtes pris d’un sommeil invincible et n’entendez pas les plaintes si touchantes de cette pauvre femme.

— Cela n’arrivera pas, ce soir, répondit-il, car je me tiendrai sur mes gardes et j’y veillerai bien.

Pendant le repas du soir, la princesse versa encore du vin soporifique dans le verre de son mari. Celui-ci ne fit pas semblant de s’en apercevoir ; mais, profitant d'un moment où elle causait avec son voisin de droite, il substitua son verre au sien, de telle sorte que ce fut elle qui but le narcotique et qui dut aller se coucher, en se levant de table.

Le nouveau marié prit part, ce soir-là, aux jeux et aux danses, et il ne se retira dans sa chambre que fort tard, après avoir, toutefois, visité la princesse, qui dormait d’un sommeil de plomb. Il se mit au lit, et attendit avec impatience ; à minuit l’étrangère entra encore dans sa chambre et recommença ses plaintes, car il faisait semblant de dormir.

— Ah ! s’écria-t-a, je ne dors pas, cette fois !