Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/353

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— Hélasl mes pauvres enfants, si vous saviez ce qui m’est arrivé !...

— Quoi donc ? Dites-nous vite, père.

— Je me suis égaré, dans la forêt, en chassant, et j’ai passe la nuit dans un vieux château, où deux loups m’ont donné l’hospitalité.

— Deux loups, père ? Vous plaisantez, sans doute, ou vous avez rêvé cela. Et que vous ont-ils donc dit, ces loups ?

— Ce qu’ils m’ont dit ?... Hélas ! rien de bon, mes pauvres enfants.

— Mais encore ? Dites-nous vite, père.

— Un d’eux, mes pauvres enfants, m’a dit qu’il lui faut une de mes trois filles pour femme, ou sinon il n’y a que la mort pour moi, et de plus, ils mettront tout le royaume à feu et à sang. Le voulez-vous prendre pour mari, ma fille aînée ?

— Il faut que vous ayez perdu la tête, père, pour me faire une pareille demande ; moi, prendre un loup pour mari, quand il y a tant de beaux princes qui me font la cour !

— Mais, ma fille, s’il me fait mourir, et s’il met tout le royaume à feu et à sang, comme il l’a promis ?...

— Et que m’importe, après tout ? Pour moi, je ne serai jamais la femme d’un loup, croyez-le bien.