Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/359

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cour de son père, pendant les fêtes. Elle était enceinte, et ses sœurs et toutes celles qui la jalousaient lui disaient :

Dieu ! ne craignez-vous pas de donner le jour à un petit loup ?

— Dieu seul le sait, répondait-elle, et il arrivera ce qu’il lui plaira.

Il y eut encore de la musique, des danses et des jeux de toute sorte, et l’on s’amusait beaucoup. Vers minuit, Cendrillon sentit sa bague qui la piquait légèrement. — Oui, pensa-t-elle, il est temps que je m’en aille, car, cette fois, je ne veux pas rentrer trop tard,

Mais, elle était si bien entourée et on lui adressait tant de questions sur son mari, on vantait tant sa beauté et ses diamants et ses parures, qu’elle s’oublia encore, et même plus tard que la première fois.

Quand elle rentra, elle trouva encore son loup étendu sur le dos, dans la cour, les yeux fermés la bouche ouverte et ne donnant plus aucun signe de vie. Elle se jeta sur lui, le pressa contre son cœur, l’arrosa de ses larmes, en s’écriant :

— O mon pauvre mari, je me suis encore oubliée, et je m’en repens vivement !...

Et elle pleurait à chaudes larmes et le serrait contre son cœur ; mais, hélas ! il ne parlait ni ne bougeait ; il était froid et roide comme un ca-