Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les mauvais pas où ils s’étaient trouvés, et il l’interrogeait souvent à ce sujet.

— Je vous le dirai, répondait le valet à ses instances, mais, seulement quand le moment en sera venu ; je ne puis le faire, à présent.

Le désir et la curiosité du prince ne faisaient que s’accroître de cette résistance, et il le pressait de plus en plus ; mais, toujours en vain. Enfin, un jour, il entra dans la chambre du valet, comme un furieux, son sabre à la main, et en criant :

— Il faut que tu me dises ton secret, ou je te tue à l’instant !

— Je vous le dirai, mon maître, puisque vous l’ordonnez ; mais, vous le regretterez, plus tard.

— Parle, te dis-je, ou prépare-toi à mourir. Et il brandissait son grand sabre au-dessus de sa tête.

— Vous rappelez-vous, dit le fidèle serviteur, résigné, qu’en nous rendant au château du roi Dalmar, nous couchâmes dans un bois, où la nuit nous surprit ?

— Oui, je me rappelle, répondit le roi.

— Vous passâtes la nuit dans votre carrosse ; mais, moi, je la passai couché sur la mousse et la fougère, au pied d’un vieil arbre. Vers minuit, je fus réveillé en entendant causer sur cet arbre ; il y avait là-haut trois personnages, qui me font tout