Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/448

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homme complètement nu, le corps sanglant et couvert d’horribles blessures, le ventre entr’ouvert, avec les entrailles qui s’en échappaient, les yeux arrachés de leurs orbites, et, au côté gauche, une énorme plaie, par où l'on voyait son cœur. Il frémit d’horreur, et demanda pourtant :

— Que vous faut-il, mon pauvre homme ? Parlez, et si je puis quelque chose pour vous, je vous promets de le faire.

— Ne me reconnaissez-vous donc pas, Iouenn Kerménou ? demanda le fantôme ; je suis celui dont vous avez arraché le cadavre aux chiens qui le dévoraient, et à qui vous avez fait rendre les derniers devoirs, après avoir payé ses dettes, de votre propre argent. Par reconnaissance pour ce que vous avez fait pour moi, je veux aussi faire quelque chose pour vous. Vous désirez, sans doute, être retiré de dessus ce rocher désert, où vous souffrez depuis trois ans ?

— Ah ! si vous pouviez me rendre ce service, mon Dieu !... s’écria Iouenn.

— Promettez-moi de faire bien exactement tout ce que je vous dirai, et je vous retirerai de là, et vous conduirai auprès de votre femme.

— Oui, je ferai tout ce que vous me direz.

— C’est demain que votre femme doit se marier avec le ministre de votre beau-père qui vous a jeté à la mer.