Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/463

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dans chaque cage, et, ayant remarqué un moineau qui paraissait tout triste et souffrant :

— Vous, lui dit-il, vous me paraissez être malade, et si vous veniez à mourir, cela ne ferait pas mon affaire !

Et il retira le moineau de sa cage, et se mit à le caresser. En lui passant la main sur le dos et la tête, il se sentit piqué légèrement. — Qu’est-ce cela ? se dit-il ; et, en examinant de près, il vit que l’oiseau avait la tête traversée de part en part par une épingle.

— Je ne m’étonne plus, pauvre petite bête, de te voir si triste !

Il retira l’épingle de la tête du moineau, et l’oiseau se changea instantanément en une princesse d’une beauté merveilleuse, qui lui parla de la sorte :

— Si vous n’y prenez bien garde, ô jeune prince, vous aurez le même sort que moi et tant d’autres malheureux qui sont ici. En effet, chevaux, oiseaux, pistolets, sont autant de princes et de princesses et de seigneurs, d’un rang élevé, que le maître de ce château, qui est un grand magicien, retient ici enchantés, sous différentes formes, depuis un grand nombre d’années. Moi, je suis la fille du roi de Naples, et ce pauvre petit cheval noir, que vous avez si bien battu ce matin, est mon frère.