Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/467

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nous y monterons, vous, mon frère, ma femme de chambre et moi, et, en peu de temps, il nous portera, à travers les airs, au palais de votre père. Quand nous y arriverons, tous vos parents et les principaux du royaume seront réunis, se disposant à se rendre à l’église pour assister à une messe solennelle célébrée à votre intention ; car ils vous croient tous mort, depuis un an. En vous voyant, la joie et le bonheur succéderont à la tristesse et au deuil général. Tous vos parents et vos amis voudront vous embrasser, et moi aussi. Mais, gardez-vous bien de vous laisser embrasser par aucune femme, car aussitôt, je serais enlevée par le Corps-sans-âme, et vous ne me reverriez plus jamais ! Faites exactement tout ce que je viens de vous dire, ou nous sommes perdus à tout jamais l’un pour l’autre.

— Je le ferai, répondit le prince ; soyez sans inquiétude à ce sujet.

Bref, et pour ne pas me répéter[1], tout arriva comme avait dit la princesse ; le prince aussi accomplit de point en point toutes ses recommandations, si bien que, le lendemain, avant midi, ils

  1. Les conteurs qui aiment à se donner carrière (rei tro, en breton) et à insister sur les moindres détails, pour allonger leurs récits et faire durer le plaisir de leur auditoire, reprennent par le menu et longuement toutes les recommandations de ce genre ; je ne les imiterai pas.