Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/476

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Vers minuit, le géant se retira dans sa chambre, pour se coucher, et la princesse resta seule.

— Je désire redevenir homme, pensa alors la fourmi ; — et le prince fut aussitôt rendu à sa première forme.

— O mon Dieu ! cher prince, s’écria la princesse, en le reconnaissant ; comment avez-vous pu venir jusqu’ici ? Hélas ! vous êtes perdu, mon pauvre ami, car personne ne sort d’ici en vie !

Le prince lui raconta par quels moyens il avait pu arriver jusqu’à elle, et la pressa de partir avec lui, sans perdre de temps.

— Et le géant, vous n’y songez donc pas ?

— Je le tuerai, le géant !

— Hélas ! mon pauvre ami, cela ne se peut pas ; c’est un corps sans âme, et sa vie ne réside pas dans son corps !

— Et où diable est-elle donc ?

— Je n’en sais rien ; mais, je ferai en sorte que vous l’appreniez de lui-même, demain.

— Comment cela ?

— Tous les soirs, après souper, il vient jouer aux cartes avec moi, dans ma chambre ; vous vous cacherez encore, sous la forme d’une fourmi, dans ma manche, et, comme il ne se doutera de rien, je l’amènerai adroitement à dire comment ou pourrait lui ôter la vie.

Ils passèrent la nuit ensemble, et ne dormirent