Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partaient trois routes. Une d’elles était belle, unie, avec de belles fleurs parfumées, des deux côtés ; une autre était belle et unie aussi, mais moins que la première, pourtant ; enfin, la troisième était d’un accès difficile, montante et encombrée de ronces, d’épines, d’orties et de toutes sortes de reptiles hideux et venimeux. Ce fut cette dernière route que prit le mari de Marguerite. Son beau-frère, s’oubliant, lui dit, alors :

— Pourquoi prendre cette vilaine route, puis-qu’en voilà deux autres qui sont si belles !

A peine eut-il prononcé ces mots, que l’autre l’abandonna, dans ce mauvais chemin, en lui disant :

— Reste là à m’attendre, jusqu’à ce que je m’en retourne, ce soir.

Et il continua sa route.

Au coucher du soleil, quand il repassa par là, il reprit son beau-frère, tout rompu et tout sanglant, et ils retournèrent ensemble au château. Le frère de Marguerite remarqua, chemin faisant, que les corbeaux se battaient toujours, que les bœufs et les vaches étaient aussi maigres et décharnés que devant, dans l’herbe grasse et haute, aussi gras et luisants, dans la plaine aride et sablonneuse, et, comme il pouvait parler, à présent, il demanda l’explication des choses extraordinaires qu’il avait vues, durant le voyage.