Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/70

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— Les bœufs et les vaches maigres et décharnés, au milieu de l’herbe abondante et grasse, lui répondit son beau-frère, sont les riches de la terre, qui, avec tous leurs biens, sont encore pauvres et malheureux, parce qu’ils ne sont jamais contents de ce qu’ils ont et désirent toujours en avoir davantage ; les bœufs et les vaches gras et heureux, sur le sable aride et brûlé, les pauvres contents de la position que Dieu leur a faite, et qui ne se plaignent pas.

— Et les corbeaux qui se battent avec acharnement ?

— Ce sont les époux qui ne peuvent pas s’entendre et vivre eu paix, sur la terre, et qui sont toujours à se quereller et à se battre.

— Dites-moi encore, beau-frère, pourquoi vous avez pris le chemin montant et rempli de ronces, d’épines et de reptiles hideux et venimeux, quand il y a là, à côté, deux autres chemins qui sont si beaux et si unis, et où il doit être si agréable de marcher ?

— Ces deux chemins là sont, le plus beau et le plus large, le chemin de l’enfer, et l’autre, le chemin du purgatoire. Celui que j’ai suivi est difficile, étroit, montant et parsemé d’obstacles de toute sorte ; mais, c’est le chemin du paradis.

— Pourquoi donc, beau-frère, puisque vous pouvez aller tous les jours au paradis, n’y restez--