Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/154

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d’admirer et la princesse et son carrosse et son cheval. La cour du palais était tout illuminée de leur éclat et de leur beauté. Les deux princes aînés avaient de belles femmes, assurément, mais, quand ils virent celle de leur cadet, ils en furent tout confus et troublés. Le vieux roi, tout joyeux et ragaillardi, à la vue d’une beauté si parfaite, lui présenta la main, pour descendre de son carrosse, et lui dit :

— Vous êtes la plus belle princesse que mes yeux aient jamais vue, et la plus digne de vous asseoir sur le trône d’Espagne, à côté de mon fils cadet.

Le soir, il y eut un grand festin, où le roi voulut avoir la princesse à côté de lui, à table. Celle-ci, à chaque plat qu’on lui présentait, à chaque liqueur qu’on lui versait, en mettait un morceau et répandait une goutte dans son giron, ce qui étonnait tous les convives.

Après le repas, il y eut des danses, et quand la princesse dansait, elle semait sur ses pas des perles et des fleurs, qui tombaient, sans s’épuiser, des plis de sa robe. Ses deux belles-soeurs étaient toutes pâles de dépit.

Le lendemain, les fêtes et les festins recommencèrent, et les femmes des deux princes aînés mirent aussi dans leur giron un morceau et une goutte de tout ce qu’on leur présenta à table, dans